DES SYSTEMES HERBAGERS AUTONOMES ET ECONOMES
Systèmes herbagers autonomes et économes, qu'est ce que ça veut dire ? Réponse ici
A l’origine de la création du CIVAM de la Sarthe, des éleveurs de ruminants soucieux de concilier productivité, efficacité économique, baisse des consommations énergétiques, et réduction de l’impact environnemental dû à l’activité agricole, se sont réunis pour repenser leur façon de produire du lait et de la viande. Cette démarche les a amenés à adopter des modes de production plus autonomes et économes en intrants. Un recours essentiel allant en ce sens a été de faire reposer en majorité le système fourrager sur des prairies pâturées de graminées/légumineuses.
Grâce à une dynamique collective d’échanges entre pairs et de partage d’expériences, ces éleveurs se sont formés et perfectionnés à la conduite du pâturage, fil conducteur historique des groupes d’éleveurs du CIVAM.
Aujourd'hui, deux groupes d'agriculteurs et agricultrices, répartis sur tout le département, échangent et se forment au sein du CIVAM, afin d'évoluer vers des systèmes plus autonomes et plus économes. Chaque groupe construit son programme de formation en fonction des besoins de ses membres. Les thèmes abordés lors des journées d'échanges ou des formations sont très variés :
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Alimentation du troupeau : améliorer sa conduite de pâturage, sécuriser son système fourrager face aux aléas climatiques, mettre en place une ration hivernale économe en intrants (correcteur azoté et concentrés).
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Conduite technique des prairies et des surfaces fourragères : choix des espèces, fertilisation, assurer la qualité des fourrages stockés (maïs, herbe, méteil…), pérenniser ses prairies.
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Gestion du troupeau : santé animale, stratégies de renouvellement…
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Analyse économique et financière du système de production : marges de manœuvre économiques.
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Amélioration des conditions de travail.
Dans le respect des choix de chacun sur son exploitation, les apports techniques et les échanges ont pour objet d’apporter des réponses à leurs questionnements et de les amener à être plus autonome, tant pour leurs fermes que dans leurs prises de décisions.
Le CIVAM AD 72 est impliqué dans de nombreux projets autour des aspects techniques, économiques et sociaux des systèmes herbagers :
Plusieurs éleveurs travaillant déjà à la mise en place et à la conduite de systèmes herbagers, se sont intéressés à différentes pratiques sanitaires liées à l'alimentation (médecines alternatives, gestion du parasitisme, méthode Obsalim...). Ces techniques sont complémentaires aux systèmes herbagers car elles permettent de gérer la santé de son troupeau et participent à l'autonomie de l'exploitation et à la réduction des charges.
Ces éleveurs vont donc consolider et sécuriser leur système grâce à une dynamique collective autour des problématiques de santé animale et d'efficacité économique via le GIEE « Santé animale et efficacité économique des troupeaux bovins laitiers grâce à une approche multifactorielle ».
Les éleveurs se formeront et/ou se perfectionneront à des techniques liées à la santé animale au travers de formations avec intervenants extérieurs experts (Obsalim, médecines alternatives...) et de journées d'échanges entre éleveurs (analyse en collectif de résultats de coproscopies, observations des troupeaux, analyse des frais d’élevage...). Ces actions permettront aux exploitants de raisonner les pratiques d’élevage selon une approche globale, avec l’œil extérieur du groupe, et surtout de limiter le recours aux traitements allopathiques (et notamment anti-parasitaires) coûteux et néfastes pour l'environnement.
Conjointement à ce travail, les éleveurs continueront de gérer la conduite de leur système de production basé sur le pâturage avec là aussi des formations et des journées d'échanges. Ce second volet sera consolidé par l'analyse annuelle des données technico-économiques des exploitations.
GIEE : « Santé animale et efficacité économique des troupeaux bovins laitiers grâce à une approche multifactorielle » (2020-2023)
En élevage bovin, l’évolution vers un système de production plus autonome est aujourd’hui reconnue comme une voie pertinente et robuste vers l’agroécologie. Ces systèmes sont documentés d’un point de vue économique et environnemental, mais les transformations du travail de l’agriculteur inhérentes à une telle transition, souvent vécue comme un véritable « changement de métier », restent peu explorées.
Ce projet propose de construire et diffuser des connaissances sur le travail dans les différents types de systèmes herbagers autonomes avec bovins. Il vise aussi à produire des ressources pour améliorer le travail des éleveurs qui s’engagent vers ces systèmes et pour leurs accompagnants (conseillers, animateurs de groupe). Transaé entend ainsi contribuer à ce que les éleveurs et futurs éleveurs de bovins soient en mesure d’appréhender une transition vers l’agroécologie, en meilleure connaissance des changements qu’elle induit sur le plan du travail.
Trois actions sont prévues dans le cadre de Transaé :
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Action 1 : Caractériser et comprendre le travail, ses transformations dans les évolutions vers plus d’herbe et d’autonomie en élevage de bovins.
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Action 2 : Co-construire et tester des ressources pour aider les éleveurs et leurs accompagnants à appréhender les transformations du travail.
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Action 3 : Produire & communiquer sur « le travail & les systèmes herbagers autonomes »
Transae : Transformations du travail et transition vers l’agroécologie en élevage de ruminants (2017-2020)
RADITS : Recours pour les Agriculteurs en DIfficultés par la Transmission Solidaire (2014 – 2017)
En 2011, des éleveurs laitiers en grandes difficultés se sont réunis pour repenser leur façon de produire afin de redresser économiquement leurs exploitations. Cette réflexion collective les a conduits à engager une évolution vers des systèmes économes en intrants en favorisant la production de lait par les fourrages et en valorisant davantage le pâturage. En quelques mois, les exploitations les plus avancées avaient retrouvé des marges de manœuvres économiques et de l’autonomie dans leurs décisions. Les premiers résultats de ces changements de systèmes étant positifs, ils ont souhaité :
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Evaluer les impacts économiques et environnementaux des changements de systèmes en cours sur leurs exploitations, pour démontrer que les leviers d’améliorations économiques peuvent s’accompagner d’une amélioration environnementale.
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Capitaliser leurs expériences, pour construire un accompagnement permettant à d’autres agriculteurs en difficulté d’envisager cette solution de redressement.
Pour aller + loin :
4AGE PROD : Comment faire vieillir ses prairies ?
Le projet 4AGEPROD est la continuité du projet PRAIPE. Les prairies temporaires sont le plus souvent retournées au bout de 5-6 ans, quand leur productivité se dégrade en raison d’une raréfaction des légumineuses ou de leur colonisation par d’autres plantes de moins bonne qualité fourragère.
Faire durer ces prairies au-delà du moyen terme est donc un enjeu important pour la collectivité comme pour les agriculteurs puisque cela permettrait de maintenir une source de protéines tout en limitant le lessivage d’azote lié à leur retournement, en améliorant leur fonction de puits de carbone et en diluant dans le temps leurs coûts d’implantation.
Objectif :
Mieux comprendre les facteurs qui influent sur le maintien de la productivité des prairies temporaires via l’analyse de la conduite d’un réseau de parcelles réparties sur 5 zones climatiques dans les régions Bretagne et Pays de la Loire.
Le projet 4AGEPROD, piloté par le Pôle Agronomique Ouest (PAO) et le Réseau CIVAM, a tenté de répondre à cet objectif sur la période 2014-2019.
Des expérimentations ont été menées sur le réseau de parcelles suivant 4 thématiques : le pâturage hivernal, le pâturage estival, l’égrenage naturel, l’alternance fauche / pâture. En parallèle, la mise en place d’un observatoire prairial a permis de suivre sur plusieurs années des prairies temporaires, afin de comprendre l’incidence des diversités de conduites de pâturage sur la qualité des prairies, l’évolution de la composition floristique, leur capacité à générer de la biomasse, soit autant de facteurs corrélés à leur productivité au-delà du moyen terme. 10 parcelles ont alors étudiées (5 exploitations engagées). Des outils, issus de ces travaux, ont été mis au point et testés dans le but d’aider les éleveurs bretons et ligériens à conduire leurs prairies temporaires de graminées-légumineuses, afin qu’elles restent productives plus longtemps.
Les prairies temporaires d’associations graminées-légumineuses produisent des fourrages équilibrés en énergie/azote. De ce fait, elles permettent de diminuer fortement les besoins en aliments azotés du commerce et contribuent à la réduction de la dépendance en protéines végétales extérieures. En valorisant l’azote de l’air, les légumineuses de ces associations réduisent tout autant les achats et épandages d’engrais minéraux. Par ailleurs, ces prairies produisent des services environnementaux comme le stockage du carbone dans le sol ou la lutte contre l’érosion.
Malgré les nombreux bénéfices cités ci-dessus, les prairies temporaires sont le plus souvent retournées au bout de 5-6 ans, quand leur productivité se dégrade en raison d’une raréfaction des légumineuses ou de leur colonisation par d’autres plantes de moins bonne qualité fourragère. Faire durer ces prairies au-delà du moyen terme serait pourtant très intéressant pour la collectivité comme pour les agriculteurs, puisque cela permettrait de maintenir une source de protéines tout en limitant le lessivage d’azote lié à leur retournement, en améliorant leur fonction de puits de carbone et leur efficacité économique en diluant dans le temps leurs coûts d’implantation.
On observe cependant sur le terrain des prairies temporaires de plus de huit ans qui sont toujours très productives. Les objectifs de ce projet étaient de :
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Mieux comprendre les facteurs qui influent sur le maintien de leur productivité via l’analyse de conduites de 260 parcelles réparties sur 5 zones climatiques sur les deux régions.
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Tester plusieurs pistes d’amélioration des pratiques, issues de retours d’agriculteurs et de la recherche, pendant toute la durée du projet chez les éleveurs mobilisés.
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Mettre au point et tester des outils, issus de ces travaux, dans le but d’aider les éleveurs bretons et ligériens à conduire leurs prairies temporaires de graminées-légumineuses, afin qu’elles restent productives plus longtemps.